jeudi 10 mars 2011

Caravane Catalane en Sardaigne 2011 - Témoignage de Jep Gouzy

Voici un témoignage de Jep Gouzy, poète :
"Retrobament amb l’Alguer / retrouvailles avec Alghero

Ce titre est en réalité inexact car je n’étais jamais allé à l’Alguer, ville « catalane » de Sardaigne. Mais je brûlais d’envie d’y aller. D’abord parce que pour un écrivain en langue catalane de Catalogne- nord, rencontrer des « vestiges » qui entreraient, aux aussi dans la définition d’écrivains d’une langue minoritaire dans un pays où règne une langue nationale, majoritaire, elle, était extrêmement important. Pour les uns comme pour les autres.  Ensuite parce que l’Alguer /Alghero a toujours été un symbole de résistance, d’abord en des temps difficiles, contre le franquisme par exemple. À l’Alguer, en 1960 se sont retrouvées, venues par mer, des milliers de personnes venant de Catalogne, en territoire libéré de toute contrainte politique, le fameux « Retrobament », présent dans mon titre. Ensuite parce que, contre toute attente la langue catalane a résisté, non pas quelque temps, mais des siècles. J’en ai eu des exemples patents avec les intellectuels, les musiciens, mais aussi avec des commerçants, un chauffeur de taxi, des employés de restaurant, des cuisiniers, un facteur- une « factrice » dans la réalité —une jolie réceptionniste d’hôtel. Les retrouvailles, le retrobament ont eu lieu. Merci donc à France Méditerranée Pays catalans d’avoir rendu cette rencontre possible. Si l’écrivain catalan que je suis a pu donc, un peu égoïstement, retrouver des « semblables », il était également important de pouvoir faire connaissance avec d’autres personnes qui participaient à cette Caravane catalane à l’Alguer. Je veux parler d’autres personnes en tant qu’individus, mais également avec ce qu’elles représentaient, une autre expression artistique que celle à laquelle Maties et moi étions habitués, en l’occurrence la peinture et les arts plastiques. Les peintres qui étaient avec nous, essentiellement des femmes et cela n’était pas pour nous déplaire, avaient tous des expressions différentes tant dans les techniques, les couleurs que dans les inspirations poétiques. Le seul regret que je peux formuler, c’est que nous, les amateurs d’art, nous n’avons même pas eu le temps d’un moment de discussion sur ce que nous aimions, aimions moins, préférions, ce qui nous touchait et tant d’autres choses. Il est vrai que le programme était tellement dense que nous avions tout juste le temps de respirer, image exagérée bien sûr. Un autre regret pourrait peut-être se situer au niveau de l’espace de l’exposition un peu réduit et… du froid. Mais nous ne pouvons en tenir rigueur ni à ceux qui nous ont accueillis avec tant de gentillesse, ni au mois de février qui nous avait réservé son plus beau crachin et également des moments de soleil, dans la présence de l’astre, mais aussi dans la chaleur, bien réelle celle-ci de la rencontre, du regard, de la poésie, de la musique."

La page consacrée à la caravane sur le site

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